Quelle drôle de question à se poser ? Il est amusant de voir comment notre regard influence notre façon de vivre. Que ce soit dans sa manière d’évoluer dans le monde extérieur et intérieur avec les jugements ou les interprétations qui en résultent.

La langue française est riche pour qualifier le regard. Il peut être terne, pétillant, amoureux, vide, compatissant, condescendant, suppliant, etc. On peut couver du regard ou jeter un regard noir… Si les yeux sont la fenêtre de l’âme : qu’observe-t-elle ? De quoi se nourrit-elle ?

Dans notre société où le stimulus visuel est privilégié voire omniprésent, prenez le temps d’observer votre regard. A-t-il tendance à se poser ou au contraire, à papillonner sans relâche ? Quel effort, conscient ou non, cela demande ? Quelle fatigue, peut-être, cela entraîne ? Quelle tension, peut-être, pour tenir le rythme ?

C’est une problématique qui concerne chacun à son échelle, dans sa capacité à se concentrer, se focaliser, à s’ancrer.

Le regard est un outil

La vue, en tant que sens de proprioception est une des voies par laquelle nous faisons, chacun à notre manière, l’expérience de la matière, du monde extérieur. Comme le toucher, le regard peut être dirigé, consciemment ou non vers un objet (ou au contraire fuir la vue d’un objet). Pour mieux comprendre l’effort que cela représente, imaginez faire le travail de vos yeux mais avec vos mains. Imaginez toucher tout ce que vous pouvez, sentir. Vérifier tous les angles pour savoir si l’on connaît ou non cet objet.

Comme disent certains : « Tu peux toucher…mais avec les yeux »

Ce mécanisme de recherche perpétuelle découle de notre instinct de survie et de notre besoin fondamental de sécurité. Cela est tout à fait normal dans une certaine mesure. Comme toute chose, il est bon jusqu’à un certain point : « La dose fait le poison ». Cet équilibre est propre à chacun et nul ne peut le juger. Observez simplement votre tendance, comment elle impacte votre quotidien et votre météo intérieure.

Un conseil à essayer : Si mon égo a envie de quelque chose, faites l’inverse. Par exemple si MOI a envie de regarder la télévision toute la journée, une balade ME ferait du bien.

Note :

J’emploi régulièrement « MOI » pour parler de mon égo. C’est lui qui dit « Moi je », lui qui s’agite dans cette société pour jouer son rôle. A l’inverse, « JE » serait alors la partie essentielle, profonde. « JE » se fiche d’avoir, « JE » est. Tout simplement. « MOI » est inquiet, « JE » est en paix. Comment pourrait-il en être autrement ?

Quand le regard quitte le Présent pour ruminer ce qui a été ou s’inquiéter de ce qui sera, alors l’effort est vain car il n’y a plus de concentration. Il ne reste que vagabondage de l’esprit sans fondement.

Pour simplifier, il n’y a de certitudes qu’au Présent car c’est ce qui EST.

Polarités

Le regard est également un moyen de s’alimenter. Sans surprise, ce n’est pas l’estomac qui est nourri mais le mental. Voyez comme les livres, films, rencontres, etc. viennent alimenter nos pensées, s’ajouter à notre expérience de la vie. Bien sûr, comme toute alimentation, il y a des formes d’anorexie ou de gloutonnerie qui peuvent se développer. Comme si le regard est trop, ou trop peu polarisé sur un cadran de la vie. Il peut s’agir de la famille, du travail, du sexe, d’argent, etc. mais aussi de thème plus subtils comme l’introspection.

Dans ces cas, il est possible de sentir comme une part de soi qui subit la situation, d’avoir la sensation de tourner en rond : « Quoi que je fasse, j’en reviens toujours au même sujet ».

Une clé de ce genre de situation se trouve dans notre positionnement par rapport au thème. Suis-je trop impliqué(e) ou trop fuyant émotionnellement ? Qu’est-ce qui se passe pour MOI si je vais à l’encontre de mon envie ? Quel risque est-ce-que je prends ? Si je le visualise, comment est-ce-que je me sens ?

« Qu’est-ce qu’un gros problème ? Un problème qu’on regarde de trop près »

Par notre regard nous nourrissons également ce qui se trouve sur le plan mental et c’est ce qui permet la matérialisation ou l’incarnation (in carne – dans la matière).

Le regard dirige notre vie 

Dans quelle direction aller si ce n’est celle que l’on regarde ?

Sur le plan structurel, les yeux sont reliés à la coordination du corps et à son équilibre. Ainsi notre cerveau à besoin des deux yeux pour obtenir une perspective et nous permettre d’effectuer les gestes nécessaires à nos divers déplacements. La kinésiologie peut mettre en évidence certains disfonctionnement au niveau des muscles sur ce principe.

Sur le plan mental, notre regard (ou attention) peut être comparée à l’énergie que nous investissons dans un projet. Plus nous alimentons le projet, plus il se manifeste dans le monde physique.

Par exemple, si vous vous focalisez sur « Je me sens seul » votre regard se teinter de cette ambiance et vous verrez la vie à travers ce prisme. Ainsi, soit vous noterez tous les couples ou groupes, soit ceux qui sont « comme moi ». Plus le phénomène se poursuit, plus la manifestation physique est importante car la croyance va créer une séparation entre moi et le monde extérieur. Cette déconnexion conduira au renforcement de la croyance sous forme d’un cercle vicieux.

Bien sûr l’inverse est également possible avec une croyance positive. C’est ce que l’on appelle un biais cognitif.

Il n’y a pas de miracle et observer notre regard est un travail de tous les instants. Certains déclics sont plus importants que d’autres mais chacun change notre façon de vivre la vie, nous rapproche de ce qui EST, de ce « Je suis ».