Voici un sujet qui me tient à coeur tant il est important dans notre vie, surtout aux vues de la trajectoire que prend notre société actuelle.

Dans cet article, je qualifie de « monde extérieur » tout ce qui se situe en dehors du corps et qui interagit avec celui-ci. On y rattache tout ce qui est matériel, par exemple l’écran que vous regardez, votre chez vous ou encore les personnes que vous connaissez.
Il existe également une partie qui échappe à notre regard et à laquelle on peut s’habituer au point de la trouver ordinaire ou banale. Dans cette partie, nous trouvons par exemple les bruits, les relations avec les autres, les rôles que nous jouons dans la société.

Vient ensuite ce que j’appellerai le « monde intérieur ». Il s’agit de sensations, de pensées, d’émotions qui nous habitent. Dans ce monde, on trouvera notre histoire mais aussi nos rêves.
Quelque soit notre éducation, il y a également cette « Petite voix » qui essaie de se faire entendre. Cette « Petite voix » est curieuse dans le sens où elle essaie de nous pousser à devenir nous-même. Elle se fiche de se qu’il faut, un peu comme un enfant qui déborde d’énergie au moment de la sieste.

A la frontière, nous retrouvons la peau. En terme de symbolique, la peau est la zone de contact. Elle se transforme au fil de notre vie, de la peau douce d’un bébé aux mains calleuses d’un travailleur. Elle peut être fluide et la vie pourra la traverser ou bien immobile et en résistance.
C’est à travers elle que nous faisons l’expérience du monde exterieur à travers les 5 sens et elle est aussi le reflet de nos émotions (mains moites, chair de poule, …).

Film Vice-Versa : Le monde intérieur observant l’extérieur

Attitude

Il est aisé dans notre vie de valoriser un monde au dépens de l’autre. Ainsi, nous sommes soit des rêveurs, des nostaliques en fuite du monde extérieur, ou bien des acharnés en quête de « quelque chose qui nous manque ».
Quand un monde n’est pas habité de manières suffisante, il se délabre. Comme une maison de vacance à l’abandon, il faudra alors trouver le courage d’y revenir, de faire le ménage pour pouvoir s’y poser ensuite.

Faire le tri c’est voir ce que nous avons en trop et qui nous parasite, mais aussi ce qui nous manque. Voici quelques idées dans ce domaine :

Monde intérieurMonde extérieur
Projets de vie
Trop nombreux ou absents
Besoins et envies
Qu’est ce qui m’est vraiment nécessaire ?
Rythme
Est-ce que je prends le temps pour moi ?




etc.
Foyer
Ai-je besoin de tout ce qui est chez moi ?
Relations
Suis-je bien entouré ?
Puis-je communiquer aisément ?
Carrière
Mon travail est-il épanouissant ?
Vaut-il le temps que j’y consacre ?



etc.

Il est important de reconnaitre un problème pour pouvoir s’en occuper. Il ne s’agit pas de se sentir coupable ou de s’en vouloir d’avoir laissé les choses arriver. Voyez ce que vous pouvez faire maintenant.

L’attitude à tenir dans ces deux mondes oscille entre un état de repos et de tension, ou d’immobilisme et d’agitation. Pour le monde extérieur, cela peut se traduire simplement par faire contre ne rien faire. Tandis que pour le monde extérieur, il s’agit de parler contre écouter. J’entends par là le fait d’alimenter ou non notre dialogue intérieur que certain(e)s pourraient qualifier de brouhaha mental.
Nous avons tendance à privilégier une de ces deux polarités au point que l’autre semble inconcevable. Pour nous, européens dans une société de l’image et de jugement, comment faire le calme en nous alors que tout nous sollicite ?

Au même titre que les publicités, les notifications ou le bruit constant des voitures, nos pensées nous accaparent, se disputant notre attention. Il est important de comprendre que l’élément central dans ces deux mondes est bien notre attention. Si vous faites le choix de donner votre attention à une situation future, vous l’alimentez c’est-à-dire qu’elle prend de plus en plus de place dans votre esprit :

Pré-occupation devientProblème devientRegret, rumination
Littéralement j’occupe la place avant d’arriverRejeu de ce qui a été dans le souhait de le modifier

On considère souvent que cette réflexion est normale et que « je ne peux pas faire autrement ». Il est aisé de se rendre compte l’énergie que l’on investi, malgré nous, dans ce mécanisme. Imaginez quelqu’un commentant chacune de vos actions, comme un narrateur dans le film de votre vie. Imaginez à quel point cela peut vous distraire, vous écarter de votre chemin. Ne nous leurrons pas, prendre conscience et revenir sur notre chemin est un effort. Présence sans complaisance sont les maîtres mots ici : être là sans forcer ni se laisser aller.

Il existe toutefois des moments où le calme se fait. J’insiste sur la notion que ce n’est pas MOI qui fait le calme, mais plutôt que MOI, l’égo, se tait. Que ce soit par l’activité physique, par exemple le sport, ou l’immobilisation comme la méditation, l’égo est absorbé dans l’effort et laisse la place à autre chose. Il est difficile de nommer cet autre chose, il s’agit d’un mélange de sensations venant du plus profond de notre être. La Joie, l’appartenance, comme une connexion qui se rappelle à nous.

Les interactions entre ces deux mondes sont indissociables. Comme le Yin et le Yang dans le Tao, ils sont opposés et complémentaires. Le mouvement de l’un entraine le mouvement de l’autre. Ainsi, si le monde intérieur est « encombré », une forme d’apathie extérieure peut s’installer. A l’inverse, un monde intérieur « trop vide » peut entrainer une agitation frénétique, pour ne pas trop s’attarder à l’intérieur.

Retour aux bases

Dans toutes choses, il y a mouvement car le mouvement est la vie. Si quelque chose est immobilisé, il se nécrose et ce quel que soit le plan. Il est de notre devoir en tant qu’individu de rester dans le mouvement. Parfois, comme le vent, il nous est invisible et nous emmène là où n’aurions pas été. On pourrait comparer la vie à une danse, à un échange à deux pour ne faire qu’Un.

La respiration est un bon exemple de cet échange, à l’inspir l’air du monde extérieur entre en nous et à l’expir il nous quitte. A l’expir, c’est comme si le monde nous inspirait. Dans ce mouvement perpétuel, on retrouve le lemniscate ∞, symbôle de l’infini, littéralement sans limite ou ici, sans frontière.

Illustration de la respiration

Pour que le calme se fasse, il est essentiel de trouver une activité avec laquelle vous avez des affinités. Le choix est vaste mais la plupart des enseignements s’accordent sur la place de la respiration dans cette pratique.

Qu’il s’agisse de courir, nager ou danser, de faire du yoga ou encore de la méditation, la respiration est un point de repère immuable. C’est votre chez vous. C’est elle qui vous apporte ancrage pour ne pas vous évader à dans le extérieur ou vous échapper dans les rêveries. C’est un travail de chaque instant, un plaisir nouveau savouré à chaque fois. A chaque inspir, j’accueille la vie. A chaque expir, je donne vie. A chaque respiration, c’est la Vie qui danse et Je danse.