Qu’est ce que c’est finalement qu’être humain ? On se pose parfois la question de notre place dans ce monde, de ce qui est normal ou non, acceptable ou pas.
Curieusement, dans cette recherche, on s’attarde plus sur le mot « humain » que le mot « être ». Or c’est ce que nous sommes avant tout : un être … de nature humaine.
L’avoir
Ces derniers temps, je constate que l’avoir a pris beaucoup de place dans notre vie d’humain. Que l’argent est présent partout et que beaucoup se définissent par le métier qu’ils ont, la voiture ou le gadget qu’ils ont, la vie qu’ils ont. Avoir, avoir, avoir. Comme une faim inextinguible qui consumme, consomme tout et tous. Notre cerveau est branché sur l’avoir et notre environnement (fait par les humains : publicités, applications) nous y ramène constamment.
L’humain, comme tout être vivant, se définit par son mouvement, sa capacité à évoluer avec l’environnement. Pourtant, avoir n’est pas un verbe d’action. Vous pouvez essayer de fermer les yeux et prendre n’importe quelle phrase avec le verbe avoir sans déclencher la moindre décharge d’énergie. Par exemple, « j’ai un rendez-vous demain ». En revanche, l’énergie peut arriver si elle déclenche une réaction : « Je vais prendre préparer mon entretien ».
Avec l’avoir, vient la possibilité de prévoir (pour soi, pour son prochain,…) et il n’y plus de fin à cette quête de sécurité, de stabilité. Il suffit de voir notre système éducatif : on entre au cours préparatoire pour nous préparer au collège, qui nous prépare au lycée, qui nous prépare aux études supérieures et nous prépares à notre job afin de préparer notre retraite… Pour préparer quoi au juste ? La peur de manque est omniprésente et la possibilité de s’en prévenir est là, dans l’avoir.
Le soucis avec l’avoir est qu’il a de moins en moins de valeur lorsque l’on grimpe dans la pyramide de Maslow, une fois les besoins primaires satisfaits. Ainsi, on peut avoir le sentiment de tourner en boucle sur les mêmes problématiques, que cela soit d’ordre matériel (futur achat, salaire,… ) ou émotionnel (rencontrer « l’élu de notre cœur »).
Pour rappel, la pyramide de Maslow hiérarchise les besoins d’un être humain selon 5 niveaux. Selon cette théorie, il ne serait possible d’accéder à un niveau qu’après avoir satisfait pleinement le précédent. Ainsi l’épanouissement viendra après avoir satisfait l’ensemble des autres besoins.
Le mouvoir ou l’action
Dans la langue française, nous avons un certain nombre de verbe d’action. Pour le plaisir de l’exercice, voici une liste venant de l’université de Rennes :
Maintenant posez-vous la question : Pour ces verbes, qui réalise l’action ? L’égo ou l’être essentiel ?
Est-ce que votre essence, âme ou quelque soit le nom qu’on veuille lui donner, va déclencher, fixer ou ou planifier quoi que ce soit ? Va-t-elle conquérir, sonder ou démontrer quelque chose ?
Si l’on revient au fonctionnement de l’égo, sa fonction primaire est sa propre sauvegarde (ce qui explique la réticence au changement que nous pouvons rencontrer). C’est bien l’égo qui cherche à posséder, qui va forcer les choses pour contrôler ce qui lui arrive.
Si l’on pousse la réflexion un peu plus loin, c’est aussi lui qui va créer nos embuches dans une certaine mesure. Comme une forme d’autojustification, il crée le problème qu’il est capable de gérer par exemple :
Cependant, la vie est mouvement, les émotions sont mouvements. Notre vie se résume-t-elle à satisfaire un égo parfois bien contraignant ou contradictoires ? Ou s’agite-t-il en premier plan, tentant de cacher ce qui se joue vraiment ?
Être
Finalement « être » serait le seul véritable verbe d’action. Quand on est, il y a un effort, une tension qui ne peut pas ne pas exister. C’est cette tension qu’on peut appeler présence, celle qui nous rattache à « ici et maintenant ». Comme un fil passant par tout notre être, depuis le sommet de notre crâne pour se planter dans la terre. Il y a également une détente : quand on est, il y a ce relâchement, comme s’il n’y avait plus d’adversaire à combattre. Il ne reste que ce qui est, ni fondamentalement bon ni fondamentalement mauvais. La dualité s’efface pour ne laisser que la réalité, dépourvue de toutes intentions ou attentes. Ne serait-ce pas cela, l’Amour inconditionnel ?
Mais on ne peut pas Etre tout le temps, il arrive un moment où la vie nous chahute et nous perdons pied. Si nous sommes vigilants, il devient de plus en plus aisé de retrouver le chemin de la maison, de ce corps. Ce chemin qui transforme le « corps que j’ai » en « le corps que je suis », le chemin vers cette fameuse Unité. Finalement, Etre est synonyme d’Action juste.
Encore une fois, la pratique est le chemin et le chemin est la pratique.